peverelli6web Anne Peverelli, deux dessins A4 « Sans titre », c. 2009-2013 | © David Gagnebin-de Bons
peverelli5web Anne Peverelli, deux dessins A4 « Sans titre », c. 2009-2013 | © David Gagnebin-de Bons
peverelli1web Anne Peverelli, suite de dessins A4 « Sans titre », c. 2009-2013 | © David Gagnebin-de Bons
peverelli2web Anne Peverelli, suite de dessins A4 « Sans titre », c. 2009-2013 | © David Gagnebin-de Bons
peverelli4web Anne Peverelli, suite de dessins A4 « Sans titre », c. 2009-2013 | © David Gagnebin-de Bons
peverelli3web Anne Peverelli, suite de dessins A4 « Sans titre », c. 2009-2013 | © David Gagnebin-de Bons

23.3. - 19.5.2013

Anne Peverelli – Suite romainmonastérienne

Le dessin est au cœur du travail d’Anne Peverelli. A la manière des recueils de pièces de musique ancienne, elle met à disposition de ses interprètes des ensembles de feuillets dessinés parmi lesquels nous avons été invité, en sa compagnie, à faire un choix. Un choix pour Romainmôtier. Présenté sous forme de frise constituée de feuilles de format A4 vertical, ce choix de dessins accrochés serrés, nous devions l’intituler, tout naturellement, Suite romainmonastérienne. Une Suite à la manière dont la postérité a intitulé, par exemple, les Suites françaises ou anglaises de Jean-Sébastien Bach. Anne Peverelli pratique le dessin  pleinement, comme un genre majeur, malgré la modestie de ses supports. Les papiers utilisés sont sans prétention, parfois même défraichis. Ils sont récupérés dans des lots de provenance incertaine. Elle renonce à la blancheur ou à la couleur d’un papier noble. Le dessin le dignifie, l’instaure dans le champ de l’imaginaire, en le rehaussant, l’imprégnant, le parant. En retour le grain du papier s’anime et réagit parfois en légères ondulations. Les techniques sont hétéroclites : crayon, huile, laque, tipp-ex, acrylique, gouache, néo-color, aquarelle, etc. jamais mélangées, et toujours usant d’une seule couleur, de préférence sobre, naturelle, ocre, terre, gris, en applications légères, sans stridences, ni acidités.

 

Les thèmes sont abstraits : points, lignes, plages, taches, réseaux, grilles, coulures, tracés, voiles, qui échappent le plus souvent à la rigueur géométrique et sont emprunts de ductilités organiques favorisant les approches sensuelles et les déambulations poétiques : j’associe à tel dessin le parement peint à main levée sur les murs intérieurs de l’abbatiale, à tel autre, les tiges de prêle et de fusain poussant dans les zones alluviales du Nozon, à un troisième une éclaboussure d’un moineau venant s’abreuver aux goulots de la fontaine de la cour du cloître, à un quatrième, au réseau des limites approximatives d’un plan cadastral d’autrefois conservé dans les archives du bourg médiéval ; j’y vois encore tel nuage, tel méandre, tel enduit de mortier sur un mur en moellons, que je connais personnellement, d’ici et d’ailleurs etc… Si de telles relations subjectives, de telles associations intimes, sont induites par son travail, c’est que l’artiste elle-même se laisse inspirer, spontanément, à la source de son geste, par des rencontres fortuites de motifs qui viennent à elle, de-ci, de-là. Elle ne tente jamais de les reproduire, mais les repère comme des points de départ de son aventure imaginaire qu’elle nous invite à accompagner du regard. Comme on accompagnerait du regard la main d’une claveciniste inspirée par les Suites de Johann Jacob Froberger dans de subtiles divagations. (AdA)