Programme I : « À la cour de Vienne », 26.4.2013
- Toccata XIV (sol majeur)
- Toccata XVIII (fa majeur)
- Toccata XV (sol mineur)
- Suite VII (mi mineur) : Allemande – Courante – Sarabande – Gigue [avant 1656]
- Suite VIII (la majeur) : Allemande – Gigue – Courante – Sarabande [avant 1656]
- Suite IX (sol mineur) : Allemande – Gigue – Courante – Sarabande [avant 1656]
- Suite X (la mineur) : Allemande – Gigue – Courante – Sarabande [avant 1656]
- Suite XI (ré majeur) : Allemande faite sur l’Election et Couronnement de Sa Majesté Ferdinand le Quatriesme Roy des Romains etc. se joüe lentement a la discretion – Courante faite au jour de naissance de la Jeune Princesse Imperiale – Sarabande faite sur le couronnement de sa Majesté Imperiale l’Imperatrice Eleonore, née duchesse de Mantoue – Gigue [1653]
- Suite XII (ut majeur) : Lamentation faite sur la tres douloureuse Mort de sa Majeste, Ferdinand le Quatriesme Roy des Romains 1654, et se joüe lentement avec discretion – Gigue – Courante – Sarabande
- Lamentation, faite sur la tres douloureuse Mort de Sa Majesté Imperiale, Ferdinand le Troisiesme, et se joüe lentement avec discretion (fa mineur) [1657]
Programme II : « Froberger cosmopolite », 3.5.2013
- Toccata I (la mineur) [1649]
- Toccata II (ré mineur) [1649]
- Toccata XIII (mi mineur)
- Suite XVI (sol majeur) : Allemande faite sur le Subject d’un Chemin Montaigneux, la quelle se joüe à la discretion – Courante – Sarabande – Gigue
- Suite XVII (fa majeur) : Allemande faite en honneur de Madame la Duchesse de Wirtemberg, la quelle se joüe fort lentement et à discretion – Courante – Sarabande – Gigue
- Affligée et Tombeau Sur la mort de Monsieur Blancrocher, faite à Paris et se joüe bien lentement et à la discretion (ut mineur) [1652]
- Suite XIII (ré mineur) : Allemande faite pour remercier Monsieur le Marquis de Termes des faveurs et bien faits de luy recuës à Paris – Courante – Sarabande – Gigue, nommee la rusée Mazarinique [1652-1653]
- Suite XIV (sol mineur) : Lamentation sur ce que j’ay esté volé, et se joüe lentement, à la discretion sans obseruer aulcune mesure – Courante – Sarabande – Gigue
- Suite XXX (la mineur) : Plaincte faite à Londres pour passer la Melancholie la quelle se joüe lentement et à discretion – Courante – Sarabande – Gigue [1651-1652]
- Suite XXVII (mi mineur) : Allemande faite en passant le Rhin dans une barque en grand péril, la quelle se joüe lentement â la discretion – Courante – Sarabande – Gigue [1654 ?]
- Suite XX (ré majeur) : Meditation faite sur ma mort future, la quelle se joüe lentement avec Discretion â Paris 1 May Anno 1660 – Gigue – Courante – Sarabande
Clavecin Dominique Laperle (Albens, 2000), d’après Carlo Grimaldi (Messine, 1697 | 1703)
Présentation
Né à Stuttgart d’un père musicien de cour, disciple à Rome de l’organiste de St-Pierre, Girolamo Frescobaldi (1583-1643), organiste à la cour impériale de Vienne de 1637 à 1658, ami d’éminents compositeurs tels Matthias Weckmann (c. 1616-1674) à Dresde et Louis Couperin (c. 1626-1661) à Paris, Johann Jacob Froberger (1616-1667) est à l’origine de l’organisation de la suite pour clavier en quatre mouvements de danse (allemande, courante, sarabande, gigue ou allemande, gigue, courante, sarabande), articulés autour d’un ton unique et apparentés les uns aux autres par leur syntaxe musicale.
La musique de Froberger privilégie dans son esthétique baroque une forme d’hermétisme, voire d’ésotérisme, en tout cas un goût prononcé pour la chose cachée, dont le sens n’est révélé qu’à un cercle restreint d’initiés : l’Empereur Ferdinand III, principal dédicataire de son œuvre, la Duchesse Sybille de Wurtemberg-Montbéliard, sa protectrice et amie de longue date, le luthiste Charles Fleury de Blancrocher, son optimus amicus mort selon la légende dans ses bras suite à une chute dans les escaliers en 1652, ou le Marquis de Termes, instigateur d’un concert donné en l’honneur de Froberger la même année, soit en pleine Fronde, aux Jacobins à Paris, pour régaler, selon les commentaires ironiques de l’époque, « seulement un certain piffre d’Allemand ».
Pour nous aujourd’hui, le sens de cette musique reste en grande partie mystérieux. Seule une pièce extraite du manuscrit SA 4450 de la Sing-Akademie de Berlin, l’Allemande faite en passant le Rhin dans une barque en grand péril, nous dévoile en détail les arcanes de l’art de Froberger au moyen d’un texte explicite figurant en marge de la partition. Loin d’être une musique à programme, il n’est pas question ici de description littérale, mais de transmutation de chacune des séquences narratives en formules musicales sibyllines de quelques notes seulement. Ainsi, définitivement libérée des motifs et des figures prosaïques du récit, l’essence musicale émane d’une distillation secrète, qui sous les doigts ne souffre aucune entorse aux principes du beau jeu du clavecin. (PMM)
Patrick Montan-Missirlian, « Toccata II » FbWV 102 de Johann Jacob Froberger, extrait du CD « Le Clavecin des Anges », 2007
Radio RTS Espace 2 (Francesco Biamonte), Patrick Montan-Missirlian à propos de ses récitals Froberger, 25.4.2013