DGagnebin7web David Gagnebin-de Bons, « Sans titre », 2011, photographie ultrachrome | © David Gagnebin-de Bons
DGagnebin4web David Gagnebin-de Bons, « Ciels », 2011, photographies ultrachrome | © David Gagnebin-de Bons
DGagnebin2web David Gagnebin-de Bons, vue de l’exposition | © David Gagnebin-de Bons
DGagnebin1web David Gagnebin-de Bons, « Sans titres », 2011, photographies ultrachrome | © David Gagnebin-de Bons
DGagnebin6web David Gagnebin-de Bons, « Sans titre », 2011, photographie ultrachrome | © David Gagnebin-de Bons
DGagnebin3web David Gagnebin-de Bons, « Sans titre », 2011, photographie ultrachrome | © David Gagnebin-de Bons
DGagnebin5web David Gagnebin-de Bons, « Sans titre », 2011, photographie ultrachrome; « Sans titre », 2011, vidéo | © David Gagnebin-de Bons

15.10.2011 - 26.2.2012

David Gagnebin-de Bons – Quelques lieux

David Gagnebin-de Bons est un jeune artiste lausannois issu de l’Ecole d’Arts appliqués à Vevey qui a récemment publié un premier livre remarqué de photographies et de textes intitulé De mémoire (Centre de la photographie Genève / Editions Filigranes, 2010). Dans son exposition à Romainmôtier, il présente des photographies de « natures mortes » sur fonds obscurs qui rappellent la manière des peintres mystiques baroques. On pense notamment à Zurbarán pour la série des Ciels, où un tissu, un voile, un drap d’honneur tiennent lieu de firmament sur fond de ténèbres. Dans une autre série, toujours sur fond de nuit obscure, le photographe fabrique et arrange des objets miniatures – de fragiles dispositifs faits souvent de cire, de bâtonnets et de fils -, qui renvoient à des sculptures, des architectures, des infrastructures sous forme embryonnaire. L’une de ces miniatures en cire est notamment inspirée de Black Maria de Thomas Edison, le cabanon noir abritant le premier studio de l’histoire du cinéma en 1892, révélant du coup une étrange coïncidence entre technique et mystique de l’image.

 

On comprend alors que, dans sa démarche autoréflexive, David Gagnebin-de Bons met en lumière les enjeux de son propre travail d’artiste eu égard à la tradition qu’il s’approprie et métabolise. Chez lui, à travers des dispositifs techniques scrupuleusement maîtrisés – ses compositions –, il est question d’un au-delà des choses visibles, d’un ailleurs constitué de paysages étranges, comme rappelés, rêvés ou anticipés : d’autres lieux. L’on songe mélancoliquement à un ciel d’anges ou de fantômes par défaut, la photographie, dès son avènement, leur ayant porté un coup fatal. Et l’on pense à la fameuse photographie en noir et blanc faite par Man Ray du Palais à 4 heures du matin du Giacometti surréaliste. En disposant des objets fragiles sur l’autel du regard, dans la chambre noire de son cosmos optique, David Gagnebin-de Bons nous propose des monuments miniatures, des signes mystérieux voués à la contemplation. Ses images sont des transpositions révélatrices de quelque souvenir, quelque songe, quelque apparition, que sait-on. Leur sombre beauté en constitue la mémoire ou l’anticipation. (AdA)