P1010309 - copie Florence Rabiller, « Ne faire qu’1 », installation céramique et aquarelle (détail), 2012
Florence Rabillerweb1 Florence Rabiller, « Ne faire qu’1 », installation céramique et aquarelle (vue partielle), 2012
Rabillerweb5 Florence Rabiller, « Ne faire qu’1 », installation céramique et aquarelle (détail), 2012
P1010313web Florence Rabiller, « Ne faire qu’1 », installation céramique et aquarelle (détail), 2012
Rabillerweb8 Florence Rabiller, « Ne faire qu’1 », installation céramique et aquarelle (détail), 2012
Rabillerweb4 Florence Rabiller, « Ne faire qu’1 », installation céramique et aquarelle (détail), 2012

10.3. - 3.6.2012

Florence Rabiller – Ne faire qu’ 1

Florence Rabiller, jeune artiste de 25 ans, s’est formée comme céramiste à l’Ecole supérieure d’arts appliqués à Vevey. Elle poursuit actuellement sa formation artistique à l’Ecole supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Ne faire qu’1, l’œuvre murale que nous présentons, a obtenu en 2011 le Prix de l’Association céramique suisse pour un travail exceptionnel de fin de formation. A la fois acide et délicate, sarcastique et sensible, Florence Rabiller nous raconte l’histoire malheureuse et emblématique d’un couple d’aujourd’hui, en intervenant directement sur les murs de la galerie, dans une installation parcourue de graffitis, alliant dessin nerveux au crayon, au feutre et à l’aquarelle, supports céramiques et objets récupérés. Usant du procédé de la narration continue, un peu comme s’il s’agissait d’une bande dessinée dont les cases auraient été abolies, elle déploie, de gauche à droite, un récit imagé articulé sur des phases clés de la relation. Ces étapes du récit procèdent d’expressions du langage inscrites dans la figuration-même à la manière de phylactères qui la catalysent comme des relances narratives. L’histoire du couple commence immanquablement par le « Ne faire qu’1 » de la fusion amoureuse des débuts, évoquée par le double boudin en céramique enfermé dans un ironique bocal à confiture récupéré. D’étape en étape, inéluctablement, à la manière d’une passion, l’histoire nous conduit jusqu’à la mort de l’être délaissé, sanctionnée par un lapidaire « Exit ». Et le visiteur de quitter la galerie…

 

Dans son cycle mural, Florence Rabiller rabat le modèle ancestral de l’épopée – Ulysse, Enée, Orphée – et le statut d’exemplarité collective qu’elle accorde au destin du héros, au rang de vécu individuel sans lendemain. Elle met en jeu un antihéros malheureux et raté –un artiste, puisqu’il possède le don de dessiner– dont les reproches de délaissement qu’on lui adresse interfèrent avec les démons de son propre passé, ses revenants. Des portraits en médaillon aux traits acérés rappelant Egon Schiele viennent le hanter. C’est une histoire banale à rire, à pleurer, qui s’expose. Mais l’histoire banale en elle-même s’exhausse dans un déploiement spectaculaire et sarcastique des images, qui sautent de support en support, dans une jubilation graphique, céramique et langagière qui favorise la polysémie et la réfraction référentielle : mythologie antique, bande dessinée, cinéma mélodramatique, iconographie urbaine, martyrologie artistique… (AdA)