P1040870 Orgue Pascoal Caetano Oldovino (Oldovini) (Évora, 1764)
P1040860 Orgue Pascoal Caetano Oldovino (Oldovini) (Évora, 1764)

28.12.2014, 16h

Les 250 ans de l’orgue ibérique Pascoal Caetano Oldovino

Œuvres de Manoel Rodrigues Coelho, Francisco Correa de Arauxo, Joan Cabanilles, Pablo Bruna, Thomas Tomkins, John Bull, Jan Pieterszoon Sweelinck

Patrick Montan-Missirlian, orgue (realejo)

Programme

Manoel Rodrigues Coelho (c. 1555-c. 1635)

  • Primeiro Kyrio de primeiro tom por C sol fa ut
  • Segundo Kyrio do mesmo tom
  • Terceiro Kyrio do mesmo tom
  • Quarto Kyrio do mesmo tom
  • Quinto Kyrio do mesmo tom

Francisco Correa de Arauxo (1584-1654)

  • Tiento de noveno accidental, por el sostenido de fef, de ocho
  • Tiento de medio registro de tiple de 2° tono

Thomas Tomkins (1572-1656)

  • Ground (MB 40)

John Bull (1562/3-1628)

  • In nomine (MB 31)
  • Salve regina (5 versets) (MB 40)

Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621)

  • Fantasia Ut re mi fa sol la à 4
  • Pavana hispanica

Pablo Bruna (1611-1679)

  • Tiento de 2° tono por Ge sol re ut «Sobre la letanía de la Virgen»

Joan Cabanilles (1644-1712)

  • Gallardas de primero tono de todo gusto
  • Passacalles de 1° tono

 

Présentation

Pascoal Caetano Oldovino (ou Oldovini) (vers 1715/20-1785) est un important facteur d’orgues originaire de Gênes installé avant 1742 à Évora au Portugal et dont une quarantaine d’instruments d’église nous sont parvenus. Au même titre que Domenico Scarlatti (1685-1757) ou Farinelli (1705-1782), il fait partie de cette vague d’artistes et d’artisans italiens attirés au Portugal dans la première moitié du 18ème siècle en raison du goût italianisant de la Cour et de l’Église, alors engagées dans de vastes programmes d’embellissement architectural et artistique du pays, financés notamment grâce à l’afflux d’or et de pierres précieuses du Brésil.

 

En 1764, Oldovino réalisa l’orgue positif (realejo) dont nous fêtons aujourd’hui le 250ème anniversaire. Pratique avérée à l’époque, certaines parties de l’instrument proviennent d’un orgue antérieur, en l’occurrence d’un orgue de procession du 17ème siècle, dont Oldovino a réemployé la caisse décorée, la tuyauterie en métal, ainsi que le clavier, qu’il a augmenté de trois notes dans l’aigu, pour atteindre quatre octaves.

 

L’orgue est signé «D. Pascalis Caetanus Natione Italus feci 1764». D’après un document d’archives conventuelles conservées à la Bibliothèque publique d’Évora, il pourrait s’agir de l’un des orgues de l’église du monastère des Franciscains, qui servait également de chapelle au Palais royal adossé au couvent.

 

Sauvé de la ruine en 1976 par son propriétaire précédant, l’orgue a été soigneusement restauré. Libéré d’une couche de peinture uniforme qui le recouvrait, il a retrouvé son décor d’origine, soit une polychromie imitant le marbre et la pietra dura. L’instrument a conservé les hanses de transport qui permettaient de le déplacer aisément dans l’église ou même à l’extérieur, au gré des célébrations et des cérémonies.

 

De dimensions réduites (198 x 102 x 70 cm), l’instrument n’a pas à proprement parler de façade et toute la tuyauterie est visible une fois les volets ouverts, révélant le plan général du sommier à travers la disposition symétrique des tuyaux, des plus petits au centre jusqu’aux plus grands, de part et d’autre.

 

Sur le plan musical, le petit orgue révèle, outre le caractère très affirmé de chacun de ses cinq registres, une sonorité brillante et éclatante propre aux orgues d’église. Le programme choisi pour marquer le jubilé fait honneur non seulement aux maîtres de l’orgue en péninsule ibérique, mais également à leurs confrères du nord de l’Europe, soulignant ainsi des liens qu’entretenaient au Siècle d’or ces lointaines contrées, comme en témoignent par exemple les Flores de musica de Manoel Rodrigues Coelho, d’où sont extraits les cinq kyrie ouvrant le programme. Paru en 1620 chez Pieter van Craesbeeck, imprimeur flamand installé à Lisbonne, ce florilège musical anticipe d’ailleurs de quinze ans le recueil du même nom de Girolamo Frescobaldi (1583-1643) et reflète un haut degré de culture musicale à la cour de Philippe III, roi de toutes les Espagnes et du Portugal. (PMM)

 

Disposition sonore de l’orgue

[Bordão] 8′ (C/E-c)
[Tapadilho] 4′ (C/E-c’’’)
Oitava 2′ (C/E-c’’’)
Cornetilia 2′ 2/3 (cis’-c’’’)
Cheyo II rangs (C/E-c’’’)
Vaza vento

 

Radio RTS Espace 2 (Florence Grivel), Patrick Montan-Missirlian à propos de l'orgue Pascoal Caetano Oldovino (Évora, 1764), 26.12.2014