14.9. - 22.12.2013
Franklin Chow est un artiste chinois originaire de Shanghai. Il s’est formé à l’Académie de la Grande Chaumière à Paris où il a découvert le courant de l’abstraction lyrique, notamment les travaux de Georges Mathieu et de son propre compatriote Zao Wou-ki. Habitant aujourd’hui la région de La Côte vaudoise, travaillant dans son atelier de Ste-Croix dans le Jura, Franklin Chow pratique une peinture informelle aux couleurs minérales, où le geste inspiré de la calligraphie chinoise se greffe aux pratiques artistiques de la tradition et de la modernité occidentales. Outre quelques peintures mêlant l’huile à l’encre de Chine – fluides réputés immiscibles –, l’artiste présente à Romainmôtier une sculpture monumentale, mais fragile, d’une main fermée posée à terre. Emblème traditionnel de la volonté, de l’action et même de la condition humaines, cette partie du corps est modelée de feuilles de papier Xuan entachées d’encre de Chine et collées sur une armature de fil de fer délicate qu’elles recouvrent partiellement. Son titre, Free Hand, évoque une main qui aspire à s’ouvrir, à détendre ses doigts pour libérer la paume. Au-dessus de l’entrée de l’espace d’exposition, en façade, l’artiste évoque également une main qui s’ouvre, avec cinq bannières déployées, inscrites chacune, d’un geste libre, en noir sur blanc, Free Hand.
Est présenté pour la première fois, recouvrant une paroi entière de la galerie, le Journal de Franklin Chow, commencé à la fin des années 1990 et constitué de milliers de dessins tracés d’une « main libre » à l’encre de Chine sur papier Xuan. Au rythme d’un dessin quotidien, à l’instar d’une discipline ou d’une mise en condition matinales, cette pratique « libératrice » constitue un contrepoint technique, figuratif et narratif à l’abstraction de la peinture sur toile. Les dessins conjuguent visuellement des motifs oniriques intempestifs chargés d’ironie – on pense parfois aux surgissements figuratifs chez les artistes de Cobra ou même aux Disparates de Goya –, souvent traités en réserve sur fond de papier lavé de noir, avec des plages de texte en anglais – pensées et réflexions sans ambition littéraire tracées d’une écriture minutieuse. Inconnus en regard du travail pictural de l’artiste, les dessins méritent une attention toute particulière compte tenu de leur grande qualité. Leur présentation à Romainmôtier – des dessins de 2013 – dans un accrochage serré veut contribuer à leur connaissance et à leur appréciation. Une plaquette illustrant dix dessins est également publiée à cette occasion. (AdA)