DavidAmaral_dAM_JeromeHentsch006 Jérôme Hentsch, «Paravent(s)», 2016, acrylique sur toile, 5 éléments, 175 x 105 cm chacun | © photo David Amaral
DavidAmaral_dAM_JeromeHentsch001 Jérôme Hentsch, vue de l’exposition | © photo David Amaral
DavidAmaral_dAM_JeromeHentsch005 Jérôme Hentsch, «Paravent(s)», 2016, acrylique sur toile (détail) | © photo David Amaral
DavidAmaral_dAM_JeromeHentsch004 Jérôme Hentsch, au centre «Chaise», 2016, acier, 80 x 40 x 40 cm | © photo David Amaral
Chaisesch Jérôme Hentsch, «Sans titre», 2016, infographie et impression jet d’encre, 60 x 60 cm
DavidAmaral_dAM_JeromeHentsch007 Jérôme Hentsch, «Sans titre», 2016, report d’écriture au papier carbone, 37 x 55 cm | © photo David Amaral
DavidAmaral_dAM_JeromeHentsch003 Jérôme Hentsch, vue de l’exposition avec au centre «Instrument», 2016, table en bois sonore avec caisse de résonance, 75,5 x 76,5 x 53 cm | © photo David Amaral
DavidAmaral_dAM_JeromeHentsch009 Jérôme Hentsch, «Occurrences 1», 2016, 24 feuillets de livre et encre de Chine, 84 x 87 cm (ensemble) | © photo David Amaral
DavidAmaral_dAM_JeromeHentsch008 Jérôme Hentsch, «Bibliothèque 1», 2016, acier et 24 livres, 17,5 x 17,5 x 17,5 cm | © photo David Amaral
DavidAmaral_dAM_JeromeHentsch011 Jérôme Hentsch, vue de l’exposition | © photo David Amaral
DavidAmaral_dAM_JeromeHentsch002 Jérôme Hentsch, «Occurrences 2», 2016, 74 feuillets de livre et encre de Chine, 154 x 136 cm (ensemble) | © photo David Amaral
DavidAmaral_dAM_JeromeHentsch010 Jérôme Hentsch, «Occurrences 1», 2016 (détail) | © photo David Amaral

17.4. - 3.7.2016

Jérôme Hentsch – … wall, street.

Exposition et performance

Vidéo de la performance

 

Jérôme Hentsch est un artiste  genevois passionné de littérature, que son œuvre transmute en enjeux plastiques et visuels qui s’affranchissent du texte sans le renier *. A la fois conceptuelle et sensible, son exposition à Romainmôtier, conçue comme une installation, déploie à travers les différentes pièces présentées une sorte d’interprétation de Bartleby (1853), une nouvelle poignante de Herman Melville. Bartleby, un copiste d’étude de notaire à Wall Street, dépérit dans l’étroitesse de son existence, la solitude, l’incompréhension et l’abandon, jusqu’à la mort.

 

L’Instrument (2016) est une petite table d’écriture blanche dans laquelle Jérôme Hentsch a enchâssé, fabriquée par un luthier, une caisse de résonance dont la table d’harmonie se confond avec l’écritoire. L’artiste a utilisé cette table pour recopier de sa main tout le texte sur une seule ligne, revenant sans cesse sur sa propre écriture. Cette copie, encadrée, figure un épais horizon tressé de pattes de mouche (Sans titre, 2016). La «musique» produite par le stylo courant sur la table d’harmonie a été enregistrée. Elle est émise par l’Instrument dans l’espace d’exposition – également salle de concerts – dont l’acoustique est cristalline. L’artiste a aussi conçu la Chaise (2016), sans placet ni dossier, silhouettée par sa fine structure métallique. La sculpture-chaise «écrit» dans l’espace, révélant un alphabet mystérieux qui est présenté à son tour dans un dessin (Sans titre, 2016).

 

Mobilier indispensable au cabinet d’écrivain, deux Bibliothèques (2016) miniatures en forme de cubes métalliques d’inspiration minimaliste contiennent respectivement 24 exemplaires d’une édition en français et 25 exemplaires d’une édition en anglais de Bartleby, étroitement emboîtés. Ces exemplaires multiples soulèvent la question de l’original, de la traduction et de la copie.

 

Deux autres pièces murales intitulées Occurrences (2016) présentent, dans un accrochage en tabelles, les pages détachées et noircies à l’encre de Chine de deux exemplaires de Bartleby, l’un en français, l’autre en anglais, dont l’artiste a caviardé le texte de petits trous faits à l’emporte-pièces à l’endroit des occurrences du graphe «art», déployant ainsi des constellations miniatures.

 

Enfin, Paravent(s) (2016), inspiré d’Edouard Vuillard, est constitué d’une séquence régulière de cinq panneaux bicolores fixés obliquement sur le mur. Tous présentent le même motif géométrique simple qui évoque les ouvertures d’une jalousie verticale ou un système de coulisses. Paravent(s) rappelle également, par son installation, le dispositif d’amélioration acoustique d’une salle de musique.

 

L’œuvre d’Herman Melville n’est pas envisagée par l’artiste comme une référence à illustrer, mais comme un prétexte qui sert de levier littéraire à un déploiement artistique indépendant, foisonnant et profondément cohérent. Imaginant Wall Street à Romainmôtier, Jérôme Hentsch transforme dAM en un cabinet de lecture d’outre-fiction, un espace poétique, celui dans lequel peut-être Bartleby aurait tant souhaité pouvoir entrer. [AdA]

 

* jeromehents.ch