orgue_moser_internet_Koenig Orgue Joseph Anton Moser (Fribourg, c. 1767) | photo © Magali Koenig

2.4.2017, 17h

Les 250 ans de l’orgue Joseph Anton Moser (Fribourg, c. 1767)

Œuvres de Johann Sebastian Bach

Patrick Missirlian, orgue

Programme

Johann Sebastian Bach (1685-1750)

Prélude et fugue en la mineur BWV 894

Sonate en ré mineur BWV 964 (d’après la sonate pour violon en la mineur BWV 1003):
Adagio – Thema (Allegro) – Andante – Allegro

Sonate d’après Reinken en la mineur BWV 965:
Adagio, Fuga, Presto – Allemande – Courante – Sarabande – Gigue

 

Présentation

Originaire de Niederhelfenschwil, près de Bischofszell, en Suisse orientale, Joseph Anton Moser (1731-1792) est un facteur d’orgues et d’instruments à clavier, fondateur d’une importante lignée de facteurs, actifs non seulement à Fribourg en Suisse, mais aussi en Autriche-Hongrie. Joseph Anton Moser s’est formé six ans auprès de Johann Michael Bihler (c.1687-1763), facteur d’orgues de l’Évêché de Constance, selon une notice biographique le concernant dans les archives du célèbre facteur d’orgues alsacien Jean-André Silbermann (1712-1783). C’est ainsi qu’il a pris part, comme compagnon (Geselle) de Johann Michael Bihler, à la construction, en 1753, de l’ancien orgue d’Arlesheim, dont subsiste le buffet, conservé en l’église St-Marcel de Delémont. Joseph Anton Moser s’est perfectionné ensuite auprès de Jean-Henri Silbermann (1727-1799), frère de Jean-André Silbermann, pour la facture de clavecins, de pianoforte et peut-être aussi de positifs comme le nôtre. Enfin, Joseph Anton Moser s’est établi à Fribourg, où a été construit l’orgue dont nous fêtons aujourd’hui les 250 ans.

 

Pour plus d’informations sur la vie et l’œuvre de Joseph Anton Moser, on se réfèrera à l’article paru en 2010 dans la Revue suisse d’art et d’archéologie (Zeitschrift für schweizerische Archäologie und Kunstgeschichte) du Musée national suisse: «La découverte d’un orgue suisse du 18ème siècle attribuable à Joseph Anton Moser (Fribourg, c.1767)».

 

Nos recherches récentes montrent que l’orgue pourrait bien être l’instrument personnel de Georges François Pilicier (ou Pélicier) (1745-1803), régent du collège d’Yverdon à partir de 1767 et lui-même organiste. Il aurait été commandé cette année-là à Joseph Anton Moser, alors que ce dernier travaillait à Yverdon avec Joseph Adrien Potier (?-1774) à la construction de l’orgue du temple.

 

En 1782, le régent Pilicier met en vente son positif et c’est la Louable Société de Musique, établie à Lausanne en 1764, qui manifeste de l’intérêt. Mais l’affaire ne se conclut qu’en 1789. L’orgue est alors examiné sur place, en présence de l’organiste d’Yverdon Gaspard Ghiotti (?-1814), du violoniste et bassoniste Jean-André Nübe (1730-1804) et du facteur d’orgues Jean-Jacques Zimmer (1735-1814). On juge l’orgue très bon, notamment pour la beauté, la force et l’égalité du son, et même aussi bon qu’on puisse le demander à un orgue de sallon.

 

L’orgue est ensuite transporté jusqu’à Lausanne, puis installé dans la maison Vaney rue St-Jean, où se déroulaient les répétitions de la Louable Société de Musique en vue du culte dominical en l’église St-Laurent. C’est là qu’il servira, de 1789 à 1791, à soutenir, embellir et faciliter le chant choral, comme en témoignent les archives de la Louable Société de Musique, conservées au Musée historique de Lausanne (Fonds Bridel). En 1791, en effet, l’orgue est revendu à un certain Monsieur Passet, les répétitions de la Louable Société de Musique ayant lieu désormais dans un salon de l’Hôpital, plus vaste que le précédent.

 

L’histoire de l’instrument se perd alors et l’on ne sait rien de la trajectoire qui l’a mené en Suisse orientale, où il a longtemps passé pour un orgue bernois et où nous l’avons découvert. Aujourd’hui, fort de son identité retrouvée, c’est un instrument de concert qui a pris place dans le salon de musique d’une maison particulière à Romainmôtier, à quelques kilomètres seulement de son emplacement d’origine. [PM]

 

Disposition de l’orgue

Bourdon 8’ (Cc’’’)
Flûte 4’ (Cc’’’)
Nasard (Cornet I rang) 2’ 2/3 (Fc’’’)
Principal 2’ (Cc’’’) en façade (CisB)
Mixture I rang (1’ Cf et 1’ 1/3 fisc’’’)
Principal 8’ dessus (c’c’’’) en façade (c’b’)