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Arte_contemporaneo Abel Azcona avec son formulaire d’inscription au parti d’extrême droite Falange Española de las JONS
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona002 Abel Azcona, «Political (dis)order», vue de l’exposition | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona003 Abel Azcona, «Political (dis)order», vue de l’exposition | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona014 Abel Azcona, «Political (dis)order», documents d’inscription et de soutien au Partido Popular (droite conservatrice traditionaliste nationale) | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona015 Abel Azcona, «Political (dis)order», formulaire d’inscription au Partido Popular | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona013 Abel Azcona, «Political (dis)order», documents d’inscription et de soutien à Podemos (nouvelle gauche nationale républicaine et fédéraliste) | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona011 Abel Azcona, «Political (dis)order», documents d’inscription et de soutien au Partido Socialista Obrero Español (gauche nationale monarchiste) | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona007 Abel Azcona, «Political (dis)order», documents d’inscription et de soutien à Ciudadanos (nouvelle droite nationale) | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona005 Abel Azcona, «Political (dis)order», documents d’inscription et de soutien à VOX (extrême droite nationale) | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona010 Abel Azcona, «Political (dis)order», documents d’inscription et de soutien au PCE, à IU et à EUiA (partis de tendances communistes et écologistes fédérées à Podemos), | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona012 Abel Azcona, «Political (dis)order», documents d’inscription et de soutien au PDeCAT (droite indépendantiste catalane) | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona008 Abel Azcona, «Political (dis)order», documents d’inscription et de soutien à ERC (gauche républicaine indépendantiste catalane) | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona009 Abel Azcona, «Political (dis)order», documents d’inscription et de soutien à la CUP (gauche radicale indépendantiste catalane)| photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona006 Abel Azcona, «Political (dis)order», documents d’inscription et de soutien à Falange Española de las JONS (extrême droite nationale) | photo © David Amaral
DavidAmaral_dAM_AbelAzcona004 Abel Azcona, «Political (dis)order», documents de soutien aux Verts vaudois en Suisse, à Golden Dawn en Grèce, au Front National en France et au Parti républicain aux USA | photo © David Amaral

15.10. - 17.12.2017

Abel Azcona – Political (dis)order

[Texto en español más abajo o aquí en PDF.
Y tambien aquí una entrevista del artista a propósito del proyecto]

[Abel Azcona à propos de son exposition, un entretien filmé (en espagnol)]

 

Présentation

Abel Azcona [*1988, né à Pampelune et actif près de Barcelone] est un artiste pluridisciplinaire, auteur d’œuvres à fort contenu politique et social, susceptibles de produire une vive réaction émotionnelle, notamment à travers des performances et des installations qui font souvent scandale. Il n’hésite pas à aborder les tabous de la société actuelle et dénonce les abus ainsi que les injustices des pouvoirs politique, économique, religieux, culturel, etc. envers les femmes, les enfants, les pauvres, les migrants, les minorités ethniques ou LGBTIQ, les dissidents, les laissés-pour-compte d’un système patriarcal dominé par le dogme néolibéral.

 

L’artiste utilise notamment son propre corps et son vécu personnel comme vecteur et ressource pour dénoncer les formes du fascisme ordinaire, de l’oppression exercée par les instances de pouvoir. Il cherche à (ré)activer les consciences citoyennes, dans des affirmations humanistes radicales, et en appelle ainsi à l’engagement pour la défense et l’élargissement des droits civils, politiques, sociaux, culturels et écologiques. Militance existentielle et qualité artistique sont parfaitement intégrées dans son œuvre à fort impact visuel, intellectuel et émotionnel.

 

Pour son exposition «Political (dis)order» à Romainmôtier, Abel Azcona a opté en revanche pour une démarche conceptuelle, où le corps de l’artiste est en apparence absent puisque sont présentés seulement les documents qu’il a obtenus ces derniers mois suite à des demandes d’adhésion ou à des dons qu’il a faits à 42 partis politiques, tous ceux de son pays, l’Espagne (ainsi qu’auprès de certains partis étrangers comme le Front National en France, Aube Dorée en Grèce, le Parti républicain de Trump aux Etats-Unis, les Verts vaudois, etc.): correspondance, cartes d’adhérent aux partis, lettres de remerciements pour dons, règlements de parti, récépissés de paiement de cotisations, etc.

 

L’œuvre reste ouverte, active également dans les réseaux sociaux, et évolue au fil des jours en fonction des réactions des partis exigeant par principe une exclusivité de militance. D’ailleurs, depuis l’inauguration de l’exposition, l’artiste a déjà reçu une lettre de refus d’admission à VOX, un parti d’extrême-droite, alors que trois mensualités ont déjà été payées. Abel Azcona parle d’un dispositif d’«enclenchement» ou d’un «détonateur», lançant un métabolisme artistique.

 

Pour mieux comprendre les enjeux, il faut revenir sur l’absence apparente de l’artiste dans son exposition à Romainmôtier, puisque, pour ce projet, il a abandonné la performance publique dont il s’est servi habituellement. Moyennant signatures et paiements, l’artiste s’abstrait conceptuellement dans des documents à valeur juridique, où sont communiquées ses données personnelles d’identité, y compris son adresse et ses coordonnées bancaires, transmises aux partis. Mais cette abstraction conceptuelle documentaire témoigne en vérité d’une nouvelle incarnation, ouvrant vers un degré de conscience aiguisé et augmentant la force subversive de son travail.

 

Pour développer cette idée d’implication vitale de l’artiste dans son projet, qui lui fait peut-être courir un risque à son corps défendant – on ne sait jamais comment les partis radicaux ou certains de leurs adeptes peuvent réagir –, il faut connaître quelques éléments biographiques.

 

Abel Azcona est né à Pampelune d’une mère prostituée héroïnomane qui voulait avorter et d’un père inconnu. Après sa naissance, obligée par la loi, il a vécu dans la misère et a souffert toutes sortes d’abus physiques et moraux. A ce propos, l’artiste évoque le droit à ne pas naître qui lui a été enlevé et l’humiliation faite à sa mère dans l’obligation à donner naissance. A 7 ans, il a été adopté par une famille fortunée, affiliée à l’ultra-catholique organisation de l’Opus Dei. Il a dès lors été soumis à une éducation rigoureuse, basée sur les principes de la punition et du châtiment corporel. Adolescent rebelle, il a été mis à la porte de sa famille adoptive à 17 ans, vivant dès lors dans la rue de la mendicité et exerçant la prostitution.

 

Diagnostiqué d’un trouble de la personnalité, il a connu l’hôpital psychiatrique après s’être exhibé nu dans la rue et avoir bloqué la circulation. C’est à ce moment précis qu’il entend parler pour la première fois de l’art de la «performance». Il entreprend alors une formation à l’Ecole des beaux-arts à Madrid et entame officiellement une carrière d’artiste. Dans ses performances et installations participatives à visée cathartique personnelle et collective, il met en jeu son intimité, notamment sexuelle. Une intervention en particulier, Amen (2014-2015), lui a valu un procès avec une peine d’emprisonnement encourue de 6 ans. Il est évident que l’artiste conçoit ses pièces à la manière de dénonciations publiques contre les abus perpétrés par des instances du pouvoir, notamment politique, financier, religieux.

 

Revenons à l’exposition. En Espagne, le PP (Parti Populaire, de droite à tendance nationale catholique) est au pouvoir depuis 2011, dirigé par une kleptocratie en place grâce à la fraude électorale par appropriation des deniers publics pour financer les campagnes, au noyautage du pouvoir judiciaire assurant l’impunité, à la persécution illégale des adversaires politiques et à l’instrumentalisation des médias publics ainsi que la connivence achetée de la plupart des privés. Un parti en définitive parafranquiste dans un régime complètement corrompu par une oligarchie avare de ses privilèges, spécialiste de l’évasion fiscale et qui perpétue sous le couvert formel de la démocratie parlementaire instaurée en 1978, les comportements répressifs et illégitimes de la dictature de Franco. Face au Parti Populaire peine la pseudo-opposition d’un Parti Socialiste (PSOE) timoré, déboussolé, embourbé dans ses propres cas de corruption et ses divisions. L’opposition déterminée des nouvelles forces démocratiques fédérées ou alliées sous le nom de Unidos Podemos (UP) est diabolisée aux yeux de l’opinion publique par les détenteurs du pouvoir, y compris les grands groupes médiatiques faisant le jeu du système politique corrompu.

 

Aujourd’hui, avec la rébellion pacifiste en Catalogne en faveur de l’autodétermination, le panorama est plus qu’incertain dans le pays. La situation semble orientée vers une grave crise – qu’on espère salutaire – de l’Etat central, avec une rupture démocratique à l’horizon accompagnée d’une nouvelle structuration territoriale sous l’impulsion des revendications d’indépendance en Catalogne. La Catalogne exprime aujourd’hui mieux qu’ailleurs le rejet définitif du régime réactionnaire et dépassé de l’Etat centralisé, même si la force de ce rejet bénéficie de l’opportunisme d’une partie corrompue de la classe dirigeante régionale qui cherche l’impunité dans la confusion de la crise politique (parti PDeCAT, droite indépendantiste catalane, alliée pour l’occasion aux gauches indépendantistes de ERC et de CUP). Le Parti Populaire et un nouveau parti de la droite nationale, Ciudadanos (Cs), semblent déterminés à résister pour préserver et perpétuer un régime monarchique de l’Etat voulu et légué par Franco. Jusqu’à quand?

 

L’Espagne se trouve donc face au miroir. Restauration autoritaire et liberticide de l’ordre ancien ou rupture définitive d’avec la Constitution de 1978 par la convocation d’une Assemblée constituante pour fonder une nouvelle République fédérale (?) et reléguer aux livres d’histoire les 40 ans d’une monarchie constitutionnelle ayant servi à blanchir la dictature de Franco (celui-ci prit le pouvoir de manière illégitime en 1939, après un coup d’Etat (1936) contre la République espagnole et la victoire dans une guerre civile remportée avec l’aide déterminante de Hitler et de Mussolini)?

 

L’exposition d’Abel Azcona à Romainmôtier constitue un début de règlement de comptes adressé aux 42 partis politiques espagnols – tous ainsi confondus – comme ultimes responsables du (dés)ordre ayant conduit non seulement la propre existence de l’artiste au désastre, mais l’Espagne entière à la grave crise actuelle sur les plans politique, social, économique et territorial. L’affiliation multiple opérée par l’artiste, contre paiement de cotisations, introduit dans le rouage du système des partis un grain de sable qui vise à le faire dérailler – disjoncter. Lui qui a été expulsé de sa famille, il prétend entrer maintenant dans 42 familles à la fois. Il parle de véritable «orgie politique». Son adhésion (ou tentative d’adhésion) à tous les partis en même temps, moyennant paiement comptant, rabat métaphoriquement le dispositif sur la question et la pratique de la prostitution. Qui se vend? Qui exerce le pouvoir et le contre-pouvoir dans une relation de prostitution politique. Les partis sont-ils des bordels? La démarche d’Abel Azcona discrédite une supercherie de démocratie basée sur un régime parlementaire partitocratique arc-bouté sur ses privilèges, verrouillé et obsolète. L’artiste désigne et dénonce les coupables, réclame mémoire, justice et réparation pour les opprimés d’un système de pouvoir corrompu, notamment aussi pour sa mère, à laquelle il dit chercher «à redonner voix».

 

Le début du combat artistique est en l’occurrence stratégiquement ouvert depuis un autre pays, la Suisse, dont on connaît les vertus éprouvées de la démocratie directe et du fédéralisme. Mais le pays alpin participe aussi du (dés)ordre politique  quand son système financier sert de refuge à l’argent de la corruption et de l’évasion fiscale internationale. Entre pays, l’argent fonctionne-t-il aussi comme un lubrifiant au service des élites? La Suisse vend ses avantages… Ne finira-t-elle pas finalement par jouer un rôle de médiatrice – d’entremetteuse politique (?) – entre l’Espagne et la Catalogne?

 

Abel Azcona non seulement résiste, il passe à l’attaque !

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[Texto en español]

Abel Azcona [*1988, nace en Pamplona y reside cerca de Barcelona] es un artista pluridisciplinar, autor de obras con fuerte contenido político y social, susceptibles de inducir una viva reacción emocional, en particular en performances e instalaciones a menudo escandalosas. No duda en abordar los tabúes de la sociedad actual, y denuncia las abusos e injusticias cometidos por las instancias del poder político, económico, religioso, cultural sobre las mujeres, los niños, los pobres, los inmigrantes, las minorías raciales o LGBTIQ, los disidentes o los abandonados de una sociedad patriarcal dominada por el dogma neoliberal.

 

El artista utiliza particularmente su propio cuerpo y su vida personal como vector y recurso para denunciar las formas del fascismo ordinario, las formas de la opresión llevada a cabo por el poder. Intenta (re)activar la conciencia ciudadana en sus afirmaciones humanistas radicales, haciendo así un llamamiento a involucrarse en la defensa y ampliación de los derechos civiles, políticos, sociales, culturales y ecológicos. Militancia existencial y alta calidad artística están perfectamente integradas en sus obras de fuerte impacto visual, intelectual y emocional.

 

En su exposición «Political (dis)order» en Romainmôtier (Suiza), Abel Azcona ha optado en cambio por un enfoque conceptual, dónde el cuerpo del artista esta aparentemente ausente ya que sólo están presentes los documentos obtenidos por el artista en estos últimos meses tras haber solicitado la adhesión o haber hecho donativos a los 42 partidos políticos españoles (todos) (y a algunos extranjeros como el Front National en Francia, Amanecer Dorado en Grecia, el Partido Republicano de Trump en Estados Unidos, los Verdes en Suiza, etc.): correspondencia, carnets de afiliación, cartas de agradecimiento por donativos, reglamento de partidos, confirmación de pago de las cuotas, etc.

 

El proyecto permanece abierto, activo igualmente en las redes sociales, y evoluciona día tras otro en función de la reacción de los partidos que exigen en principio la exclusividad de militancia. Por cierto, desde la inauguración de la exposición, el artista ha recibido una carta de denegación de admisión a VOX, partido de extrema derecha, a pesar de las tres cuotas mensuales ya abonadas. Abel Azcona habla de un dispositivo «detonante», un dispositivo que lanza un metabolismo artístico.

 

Para entender mejor lo que esta en juego, hay que considerar otra vez la aparente ausencia del artista en su exposición, ya que, para este proyecto, ha abandonado la performance pública que ha utilizado hasta aquí habitualmente. Mediante firmas y pagos, el artista se abstrae conceptualmente en los documentos con valor jurídico, donde quedan comunicados los datos personales de identidad, inclusive la dirección y los datos bancarios, transmitidos a los partidos. Esta abstracción conceptual documental da testimonio en realidad de una nueva encarnación, llevándole (y llevándonos) a un nivel más agudo de concienciación y aumentando la fuerza subversiva de la obra.

 

Para poder desarrollar esta idea de la implicación vital del artista en su proyecto por la cual quizás asuma un riesgo con el cuerpo por delante – nunca se sabe la reacción de los partidos políticos radicales o de algunos de sus adeptos –, hay que conocer algunos datos biográficos.

 

Abel Azcona nació en Pamplona, de madre prostituta heroinómana que quiso abortar y de padre desconocido. Desde su nacimiento forzado por ley, vivió en la miseria y sufrió innumerables abusos, también de orden sexual. A este propósito, el artista habla de su derecho hurtado a no nacer y de la humillación sufrida por su madre. Con 7 años, Abel es adoptado por una familia acomodada afiliada a la ultracatólica organización del Opus Dei. Su educación y escolaridad son a partir de ese momento rigurosos y de cierta calidad, pero sometidos a principios de sanción y castigo (también corporal). Adolescente rebelde, fue echado de casa y puesto en la calle por su familia. Tuvo que vivir durante un periodo mendigando comida y prostituyéndose.

 

Fue ingresado en un hospital psiquiátrico, diagnosticándole trastorno de la personalidad (personality disorder) cuando fue recogido desnudo en la calle habiendo interrumpido el tráfico. Por primera vez, en esta ocasión, oyó hablar de «performance». Lo que le orientó hacia la Escuela de bellas artes de Madrid dónde se formó como artista profesional. A partir de ahí, sus performance e instalaciones participativas desarrollan una función catártica personal y colectiva, poniendo en juego su intimidad, en particular sexual. Una intervención especialmente, titulada Amén (2014-2015), le valió un juicio con riesgo de cárcel de 6 años. Sus obras funcionan como denuncias públicas de abusos perpetrados por el poder, en particular el poder político, económico y religioso.

 

En España, el PP (Partido Popular, derecha de tendencia nacional católica) esta en el poder desde 2011. El partido está dirigido por una cleptocracia instalada gracias al fraude electoral mediante apropiación ilegal de fondos públicos para financiar campañas, la infiltración de la justicia asegurando impunidad, la persecución política ilegal de los adversarios y la instrumentalización de los medios públicos como la connivencia comprada de la mayoría de los medios privados. Un partido, el PP, en definitiva parafranquista, en un régimen completamente corrompido por una oligarquía agarrada a sus privilegios y especializada en evasión fiscal; un partido, el PP, que perpetua bajo el barniz de la democracia parlamentaria representativa instaurada en 1978, los comportamientos represores e ilegítimos de la dictadura de Franco. Frente al PP, la pseudo oposición timorata del PSOE está perdida. El partido esta atascado en el fango de su propia corrupción y de sus divisiones. Y la oposición decidida de las nuevas fuerzas democráticas federadas o aliadas en torno a Unidos Podemos esta permanentemente diabolizada por los resortes del poder, inclusive por los grandes medios de comunicación, tanto públicos como privados que participan del sistema corrupto.

 

En estos momentos, con la rebelión pacífica en Cataluña pugnando por la autodeterminación, el panorama es más que incierto en el país. La situación se orienta hacia una grave crisis – esperemos saludable – del Estado central, con ruptura democrática por delante, acompañada de una nueva estructuración territorial gracias a la impulsión de las reivindicaciones de independencia en Cataluña. Cataluña expresa mejor que ningún otro territorio el rechazo al régimen autoritario y obsoleto del Estado centralizado, aunque la fuerza de ese rechazo se beneficie del oportunismo de una parte corrupta de la clase dirigente regional que busca la impunidad en la confusión de la crisis política (PDeCAT, derecha independentista catalana, aliada en esta ocasión con las izquierdas independentistas de ERC y CUP). El PP y el nuevo partido de derechas al nivel estatal Ciudadanos (Cs) parecen estar determinados a resistir para preservar y perpetuar el régimen monárquico parlamentario de un Estado querido y legado por Franco. ¿Hasta cuándo?

 

España se encuentra frente al espejo. Restauración autoritaria y liberticida del orden antiguo o ruptura definitiva con la Constitución de 1978 por una Asamblea constituyente para fundar una nueva República Federal y relegar a los libros de historia los 40 años de monarquía constitucional cuyo servicio ha consistido en blanquear el régimen criminal de Franco (el dictador dio un golpe de estado contra la República legitima y democrática en 1936, causando un guerra civil ganada con la ayuda determinante de Hitler y Mussolini, e instauró a partir de 1939 su régimen ilegitimo).

 

La exposición de Abel Azcona en Romainmôtier constituye un comienzo de ajuste de cuentas dirigido a los 42 partidos políticos – juntos desenmascarados – como últimos responsables del des(orden) político qua ha conducido no solo la propia existencia del artista al desastre, pero también el país entero a la grave crisis política, social, económica y territorial actual. La afiliación múltiple del artista a los partidos, mediante pago de cuotas de dinero, introduce en la maquinaria del sistema de partidos una arenilla que la quiere hacer descarrilar, saltar, volverse loca. Habiendo sido expulsado de su familia, el artista pretende ahora entrar en 42 familias a la vez, responsables de su desastre vital. Él habla de «orgia política». Su afiliación (o intento de afiliación) a todos los partidos políticos al mismo tiempo mediante dinero eleva metafóricamente el dispositivo artístico a la teoría y a la práctica de la prostitución. ¿Quién se vende? ¿Quién ejerce el poder y el contrapoder en una relación de prostitución política? ¿Son acaso los partidos burdeles? El proceso conceptual de Abel Azcona revela la estafa de un régimen parlamentario partitocrático aferrado a sus privilegios, cerrado y obsoleto. El artista interpela y denuncia los culpables, reclama justicia y reparación para los humillados y oprimidos por un sistema de poder corrupto, en particular para su madre a quién busca darle voz finalmente.

 

Este combate artístico lo inaugura estratégicamente el artista desde otro país europeo, desde Suiza, cuyas virtudes políticas en términos de democracia directa participativa y de federalismo son conocidas. Pero el país alpino también participa del (des)orden político cuando su sistema financiero sirve de refugio para el dinero de la corrupción y de la evasión fiscal internacionales. Entre países, ¿funciona también el dinero como un lubricante al servicio de las élites? Suiza, paraíso fiscal, vende sus encantos, y quizás puede terminar siendo o asumiendo, el rol de mediador – de celestina – entre España y Cataluña.

 

Abel Azcona no solo resiste, pasa al ataque.

[AdA]

Radio 3 (Radio nationale d'Espagne, Carolina Alba) Abel Azcona à propos de son exposition «Political (dis)order», émission «Hoy empieza todo», 16.11.2017